Lattitude à adopter face aux divergences opposant les jurisconsultes
Il est incontestable quil existe des questions susceptibles de faire lobjet dune divergence de vues et dun effort dinterprétation personnel au sein de gens de science. Les propos des hommes de science concernant les questions controversées parce quobjet dinterprétation personnelle étaient connus jadis comme ils le sont à lépoque moderne. Ils nen sont pas moins soulevés de nos jours dune manière qui les sort du cadre de la recherche sur les sujets de controverse et dinterprétation personnelle.
Ils sont souvent soulevés autour de questions ayant une dimension sociologique ou intellectuelle. Il ne sagit pas dans ce cas de la pure controverse juridique.
Beaucoup doccidentalisants, par exemple, soulèvent des questions intéressant la femme et à propos desquelles une controverse a opposé des gens de science. Le motif de cette démarche est très loin dune simple remise sur le tapis dune controverse juridique. Cest plutôt un prétexte pour loccidentalisation [Du débat] qui permet rapidement de dépasser la question débattue pour passer à des questions dont linterdiction ne fait lobjet daucune divergence de vues.
Ces questions sont soulevées par bon nombre de gens qui nappartiennent pas au monde de la science (religieuse) et du droit et ne sont pas aptes à conduire des recherches dans les questions religieuses. Ils se contentent de retenir des propos des jurisconsultes ce qui leur convient.
Ils ne limitent pas la dissertation sur lesdites questions à leur objet (scientifique). Ils se donnent un prétexte pour pousser la controverse juridique vers un cercle plus large.
Il convient détablir hâtivement ce qui suit :
- il existe une différence entre les questions controversées et celles susceptibles de faire lobjet dune interprétation personnelle. Toute question ayant fait lobjet dune controverse au sein des ulémas ne relève pas nécessairement des questions incontestables. Cela (la contestabilité) sapplique aux questions susceptibles de faire lobjet dune interprétation personnelle.
Ibn al-Qayyim (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « Leur affirmation selon laquelle « les questions controversées ne doivent pas conduire à une contestation » nest pas exacte. Car la contestation peut porter soit sur des propos, des fatwa , soit sur des actes. En effet, si des propos savèrent contraires à une sunna (tradition prophétique) ou un consensus notoire, ils doivent unanimement être contestés.
La confusion chez celui qui soutient le contraire provient de sa croyance que les questions controversées sont assimilables à des questions pouvant faire lobjet de diverses interprétations.
Cest dailleurs ce que beaucoup de groupes de gens privés dune science sûre ont cru. Or la vérité soutenue par les imams est que les questions constituant le domaine de leffort dinterprétation personnel sont celles à propos desquelles il nexiste aucun argument (décisif) dont lapplication devient manifestement obligatoire. Cest le cas dun hadith authentique quaucun autre de qualité égale ne vient contredire. Nombreuses ont été les questions controversées aussi bien par les anciens que par leurs successeurs et à propos desquelles nous avons par la suite acquis la certitude que lopinion défendue par lune des parties est la seule valable ».
Ilaam al-muwaqqiin, tome 3, p. 288.
- les textes du livre et de la Sunna sont la référence en tout cela. Quand un argument savère contraire à la sunna, il ne pourrait pas être justifié par lévocation du caractère controversable de la question. Réfuter une sunna authentique sûrement rapportée du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), puisque son objet serait contesté par quelquun, implique que les propos et ordres du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) tirent leur légitimité de leur admission consensuelle par les gens et que toute opposition formulée par quelquun, quelle quen soit la raison, remette en cause leur légitimité et laisse lobjet largement ouvert (au débat). Ceci est une approche dangereuse dont le tenant a besoin de réviser sa foi.
- il faut prendre soin à éduquer les gens de façon à leur inculquer la soumission envers Allah, le Très Haut, le Béni, la vénération des textes législatifs, la forte adhésion à la religion et labandon total de ladoption sélective des dispenses et des faux pas des ulémas.
- éviter dengager un débat juridique avec ces gens-là autour de questions controversées, car cest ce quils cherchent. Il est possible et acceptable de faire des recherches sur une question et den discuter avec des étudiants des sciences (religieuses) bien versés en matière de langage scientifique juridique et soucieux de découvrir la vérité.
Quant à ceux qui soulèvent ces questions là, ils ne maîtrisent pas le langage scientifique et ne comprennent pas les visées de la Charia. Ils sont plutôt issu de la canaille ,des parasites que leur passion pousse à se jeter à fond dans la discussion sur la religion dAllah, le Puissant et Très Haut.
Ecrit par Muhammad ibn Abd Allah ad-Douwaysh.
La Revue al-Bayan, n° 153, p. 28